Page 12 - Les jours suffisent a son emerveillement
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Elle a six ans. Elle cligne des yeux face au soleil. La pierre est
               déjà chaude. Une file de fourmis s’active. Elles ont une grosse
               tête, une taille fine. Elles se déplacent vite. Elle s’amuse avec
               un brin d’herbe jauni à détourner leur chemin. Son chapeau de
               paille glisse sur l’œil. Elle déteste ce chapeau, il ressemble à
               une mitre. Quand elle se redresse, son père est là, assis sur la
               terrasse à même le sol. De l’avant-bras il essuie la sueur de son
               front. Elle va s’asseoir tout à côté, lui chuchote ce qu’elle veut.
               Elle le voit sourire tandis qu’il la fait basculer par-dessus
               l’épaule d’un geste du bras. Elle se reçoit sur les fesses dans
               l’herbe, aussitôt revient derrière lui, se penche à mi-corps, la
               tête lourde. Le corps se fait rond, hérisson, ballon. Us rient
               ensemble, l’enfant et le père. Les plus jeunes se précipitent. Ils
               se bousculent, se pressent pour « la cabriole ». Le père accom­
               pagne le mouvement, une main sur la nuque, une main sur
               l’arrondi du dos. Ses yeux se plissent sous la sueur. Elle re­
               passe le buste par-dessus l’épaule. Les plus jeunes piétinent
               derrière elle. C’est « l’heure des cabrioles ».





















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