Page 9 - Les jours suffisent a son emerveillement
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Elle est dans la lumière. Elle est assise sur la chaise à bascule
          rouge. Elle chantonne « L’eau vive », elle ne sait pas d’où ça
          vient ou plutôt elle sait et ne veut pas s’en souvenir. H y avait
          beaucoup d’enfants qui la bousculaient, la faisaient tomber.
          Toute la journée elle attendait sa mère. Elle ne savait pas en­
          core que l’on disait attendre cette chose épaisse qui vous
          étouffe qu’on ne peut quitter. Mais elle aime cet air qu’elle
          interrompt à chaque bouchée de pain trempé dans l’huile
          d’olive salée qui donne une couleur dorée à l’assiette. C’est le
          goûter qu’elle préfère. Elle le préfère au petit déjeuner où elle
          reste seule devant un énorme bol de chocolat. Elle regarde les
          aiguilles du réveil. Elle sait qu’à dix heures elle doit avoir bu
          tout le chocolat. Elle le sait et une porte se ferme au fond de la
          gorge qui l’empêche de boire une goutte de plus. Elle chan­
          tonne « l’eau vive ». Elle attrape sa mère qui passe brune dans
          une robe à carreaux orange et blancs. Elles portent la même.
          Sa mère sent la fleur d’oranger, elle embrasse sa main. Elle se
          cache dans son cou.





















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