Page 7 - Un jour apres l'autre
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on se réfugie dans l’imparfait afin de revivre des
      heures inoubliables qui s’avèrent marquées au
      sceau de la fatigue et de l’ennui. On triche avec le
      temps pour mieux cerner les heures promises à
      l’enfance quelle que soit la couleur du jour et l’on
      hérite d’un langage qui nous conduit à l’Autre,
      avec ses drames et ses désirs, avec ses houles et
      ses failles. Ainsi le parallèle entre excision et
      bouche cousue. Parole et sexe. Plaisir et
      jouissance, mais également : asservissement de
      l’individu.
      Anne-Lise Blanchard le sait d’autant mieux
      qu’elle affirme dès l’abord : Les mêmes murs
      encerclent les jours. C’est la cruelle quête du
      bonheur qu’elle poursuit malgré les averses et les
      coups du sort. L’être humain se fragilise avec les
      ans et l’on en revient au cliché insoutenable de
      l’aïeule, presque centenaire qui, tant la souffrance
      qui la saisit est grande, appelle sa mère comme
      ultime recours. D’autres demanderont l’assistance
      de Dieu. C’est une question de sensibilité, de
      fluidité première dans le désarroi.
      La légèreté du propos initial ne parvient pas à
      occulter des espaces voués à la nostalgie du temps


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