Page 6 - Le soleil sest refugie
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J’écoutais attentivement les paroles des déplacés en Syrie,
       des réfugiés au Liban ; je les recueillais comme de précieux
       fragments d’une vérité dénaturée, d’un quotidien ignoré. C’est
       la même chronique des événements que j’entendrai quelques
       mois plus tard au Kurdistan irakien, avec la même volonté
       d’obtenir des entités ethniquement et religieusement pures.
       Dans ce Proche-Orient qui fut le berceau de notre civilisa­
       tion, se perpétrait un génocide. La même incompréhension, le
       même sentiment d’abandon, la même clairvoyance aussi, dans
       les véritables enjeux de ce chaos qui ne cesse de s’étendre au
       mépris des peuples.

          Ce que nous vivons est bien plus grand que ce qui nous sépare,
          surtout où nous vivons, en Syrie et en Irak, l’œcuménisme du
          sang

       confirmait en juin 2015 le patriarche catholique melkite d’An­
       tioche, Grégoire II Laham. Ce sang répandu, il me fallait en ren­
       dre compte, comme de la dignité et de la spiritualité vivante,
       je l’avais promis, à Damas, à Maaloula, à Qusayr, à Zahlé, à
       Ainkawa, à Mangesh et ailleurs. À la veille de repartir au Pro­
       che-Orient, quelques semaines après les attentats simultanés
       de Paris - mode opératoire maintes fois entendu là-bas -, en
       ces jours de l’Avent, je tiens parole en mettant un terme à ce
       recueil face à la fenêtre devant laquelle flottent quelques dra­
       peaux tricolores :

          Le danger sera là bientôt, chez vous, donc il faut être vigilant,
          éveillé, être vrai. Le mot vérité vient du grec être éveillé. L’Occi­
          dent est complètement endormi
       disait le père Ephrem, dominicain irakien rencontré à Erbil-
       Ainkawa et psychothérapeute en région parisienne.




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