Page 9 - Anonyme euphorbe
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Là encore la main cherche ce que l’œil ne peut posséder, dans
           l’écriture comme dans la démarche amoureuse ; elle dessine, sinon
           esquisse le dessin de l’objet du désir. Elle dessine en creux : il y
           aurait encore une vallée à creuser. Ce vide que l’on
           conjugue n’est pas seulement une respiration, c’est une
           déchirure partagée.

           Anonyme euphorbe ne se réduit pas à des impressions
           poétiques, il nous place sans cesse au bord de quelque chose.
           Nous ne franchissons pas cette lisière car elle ne peut être
           franchie ; c’est comme une hésitation permanente entre le vide et
           le plein. Si toutes les parties étaient confondues, aucune d’elles ne
           pourrait connaître l’autre.

                                                  Alain Wexler
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