Page 8 - Anonyme euphorbe
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Ce désir, entre l’excès et la fureur, peut être éteint mais n’est
                   jamais assouvi alors que le goût n’est que sensation, goûter n’est
                   pas manger et manger n’ôte pas le goût. Cette formule pose la
                    question à l’infini. Equation à deux inconnues. Désiré et
                    désirant. De vide partage, crée la distance ; s’il n’était, c’en serait
                   fini de la conscience, donc le vide est la condition même du désir
                    et de la conscience. Ce vide, c’est aussi le blanc de la page, autre
                    mer, moins périlleuse toutefois, quoique le poème invite à une
                    constante effraction. C’est ainsi que je comprends cette superbe
                    allusion :

                         La lumière livre ton corps
                         que ça se sache
                         le mien s’échappe
                         se retire au fond
                         tout au fond de l’entaille que
                         sur papier
                         de vos pouces rugueux vous élargissez


                         méthodiquement
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