Éclats d’Anne-Lise Blanchard, Éclats d’encre, 2010, 12€

Les poèmes de Anne-Lise Blanchard « oiseaux intrépides » entaillent le temps et le silence pour trouver quelques miettes de mémoire et de soleil. Avec les fils de l’éphémère, se brodent ’hiver et le printemps. Tantôt apparaît la vigueur d’un coloris, tantôt le blanc de la neige. A l’affût du minuscule, la brodeuse qui est aussi marcheuse nous offre « au petit jour/le jardin qui « déplie ses jambes/en une mélodie/mouillée», avec « quelques bourgeons/ qui/balbutient une interrogation/ et des abeilles qui « tétinent /des tresses de chèvrefeuille ». Le vert « submerge » et « concède la légèreté » à « l’humaine pesanteur ».

Une traversée du silence, au plus près de ce qui se voit, s’entend, se goûte. Ainsi se réchauffent peu à peu les syllabes et le coeur. Dans l’ombre surgit le toupet de la lumière. Chaque poème dépouillé à l’extrême garde « la verticalité de l’exigence. » Le lecteur entre aisément et parfois voluptueusement dans la fluidité et la beauté des rythmes et des mots de la  poétesse.

Jacqueline Panorias, Poésie Première N° 49, mars 2011

 

Éclats, Anne-Lise BLANCHARD, Éditions Éclats d'encre

« Diagonales de minces fûts définissant un échiquier végétal ».

A la recherche du ciel de Magritte, Anne-Lise Blanchard nous livre toute une palette des manifestations de la vie : c'est la musaraigne qui s'ébroue, la perdrix qui déchire les toisons, les oiseaux qui tricotent le ciel, la buse qui revendique.

Mais le poète ne se contente pas d'une observation clinique de la nature, il touche aussi à un sujet plus grave : « Nous traversons un / cimetière/ retourné d'ossements côtes/ membres/ longtemps blanchis/ éclats/ de quel amour vorace ?»

Anne-Lise Blanchard sollicite tous nos sens : l'odorat (odeur de fleurs, parfum alangui de mimosa) la vue déclinant les diverses teintes du ciel et cette bolée de vert qui ruisselle (instantanée de hêtres, érables, chênes).

A cette profusion du végétal et de l'animal, AL. Blanchard ajoute l'appréciation de l'humaine pesanteur : « l'élancement du rocher/ en face/ verticalité de l'exigence/ l'homme et ses/ procrastinations ». Le cyprès lui-même symbole d'un destin spirituel se fait ermite. « Éclats », du naturel au spirituel ...

Gérard PARIS, Pages Insulaires n° 21

 

Blanchard Anne-Lise.- Eclats.- Le-Mesnil-Le-Roi : Eclats d’encre, 2010.- 60 p. ;19 cm.- ISBN 978-2-914258-64-7 : 12£
Nature – Vie quotidienne… Des éclats arrachés à la vie : le temps qui s’éloigne, la mémoire qui s’écoule, la présence de l’hiver, la « musique/duveteuse d’avril », la danse lente des crêtes, la profusion du vert en ce printemps, les oiseaux qui « tricotent le ciel », l’apparition d’un chevreuil, le parfum alangui du mimosa. Tout ceci comme autant d’offrandes du jour. Dans les gestes de la vie quotidienne aussi : ralentir en voiture pour frôler »l’allure des voitures à vapeur », qu’il est bon de se laisser vivre !
Des brindilles de vers empreints d’un peu de nostalgie, de fragilité, écrits de manière concise, souple et fluide. Les mots respirent, prennent toute leur place dans la page. O. B.

InterCDI 227-Cahier des livres, septembre/octobre 2010